Partout dans le monde, les travailleurs se sont tournés vers leurs organisations syndicales pour résister aux effets de la mondialisation capitaliste.
Malgré des tentatives constantes de la classe capitaliste de les faire passer pour ringards, de restreindre leur activité par des lois répressives et de persécuter leurs dirigeants et activistes, les syndicats refusent de disparaître. La raison est simple : partout le capital oblige les travailleurs à se rassembler contre leurs employeurs pour défendre leur salaire et leurs conditions de travail. C’est ici que de larges couches de la classe ouvrière font leurs premières expériences de la lutte. Pour cette raison, les syndicats restent, dans les paroles de Friedrich Engels, des « écoles du socialisme ».
Néanmoins, au cours des deux dernières décennies, les syndicats n’ont pas su résister à l’attaque mondiale du capital. Des syndicats qui avaient été puissants ont été humiliés et détruits, des industries entières ont été attaquées sans pitié. Aux Etats-Unis et en Europe, la démoralisation s’est accrue lorsque la mondialisation a été utilisée pour intimider les travailleurs, les dirigeants syndicaux et les partis politiques.
Dans les années 1990, les gouvernements et les patrons n’avaient qu’à mentionner la « mondialisation » pour obtenir la soumission de beaucoup de syndicats aux besoins du capital. Des industries entières ont été délocalisées vers des pays à bas salaires où les droits des travailleurs étaient faibles ou non existants. De plus, il y a eu une énorme augmentation de l’armée « permanente » de réserve des travailleurs. Dans les pays capitalistes avancés, il y a 38 millions de chômeurs et globalement plus d’un milliard de travailleurs n’ont pas de travail.
L’impact sur le secteur privé a été grave. Pour la grande majorité des travailleurs du secteur privé, les salaires réels ont chuté, y compris aux Etats-Unis. Même là où les salaires sont restés stables comme en Europe, le rythme de travail est devenu plus intense et l’emploi moins sûr. A la fin des années 1980 et la première moitié des années 1990, le niveau de représentativité des syndicats, d’organisation dans les entreprises et de grèves a chuté dramatiquement.
Dans le secteur public, la privatisation et les coupures budgétaires ont conduit à des fermetures de services et à des licenciements de masse. Les salaires ont stagné et les conditions d’emploi ont empiré dramatiquement, spécialement pour les travailleurs « sous-traités », en fait vendus à des employeurs privés. Néanmoins, dans beaucoup de pays, les travailleurs du secteur public ont formé le noyau dur de la résistance ouvrière et des mouvements syndicaux nationaux.
Au même temps, la classe ouvrière a augmenté dans les nouveaux secteurs de l’économie et dans beaucoup de pays du Tiers Monde. Cela a fait naître un vaste secteur non organisé de la classe ouvrière internationale. Des travailleurs, surtout jeunes, souvent des femmes, souvent immigrés travaillent avec une sécurité de l’emploi minime, avec les salaires les plus bas, avec peu ou pas d’allocation maladie, dans une absence presque totale de protection de la santé et de sécurité.
Comme pour les chômeurs, ces travailleurs précaires à bas salaire ont été utilisés pour affaiblir le pouvoir des syndicats. Toutefois, de façon presque perverse, les syndicats n’ont presque rien fait pour aider ces nouvelles couches de travailleurs ou les chômeurs à riposter, refusant souvent de les organiser ou mettant même des obstacles à leur adhésion.
Les capitalistes ont donné un nouveau nom à ces travailleurs à bas salaire et aux chômeurs, un nom qui exprime à la fois mépris et peur : la « sous-classe ». Mais cette « sous-classe » commence à s’organiser, comme en Argentine, avec le mouvement des « piqueteros » et les assemblées populaires.
L’oppression que ces travailleurs subissent rend impossible leur organisation par les méthodes traditionnelles, routinières, de collaboration de classe et bureaucratiques. Dans les deux dernières décennies, quand les travailleurs ont lutté avec efficacité contre les attaques des patrons, ils l’ont fait avec de nouvelles méthodes, de nouveaux dirigeants et parfois de nouveaux syndicats. Les confrontations avec les employeurs, les tactiques militantes, les piquets de masse, les occupations, les grèves et la solidarité internationale sont tous nécessaires. Ces méthodes ont été rendues illégales dans la plupart des pays, « démocraties » ou dictatures, pour la simple raison qu’ils ont une efficacité unique.
C’est la tâche des syndiqués de base de faire vivre ces méthodes dans la lutte de classe pour une raison simple : les dirigeants syndicaux routiniers et légalistes s’opposeront à toute perturbation de leurs rapports privilégiés avec les employeurs et leur Etat.