Le racisme a versé sur les pages de l’histoire moderne le sang de centaines de millions de victimes. L’esclavage, la purification ethnique, la discrimination intolérable, la stigmatisation de peuples entiers, la déportation et même l’extermination, sont les fruits amers des haines raciales qui ont été systématiquement crées et renforcées par le capitalisme mondial.
Malgré les affirmations hypocrites des libéraux occidentaux, le racisme n’est pas en train de s’estomper. Au contraire, il augmente. Les Noirs et les Asiatiques, les immigrés latino-américains et de l’Europe de l’Est ainsi que les migrants, les Arabes, les Turcs, les Kurdes, les Juifs, les peuples indigènes et beaucoup d’autres groupes ethniques sont confrontés à une discrimination systématique et à l’oppression partout sur la planète. En fait la liste est sans fin. Des salaires moindres, moins de possibilités de trouver un emploi et plus de chômage, l’insécurité, la répression policière, les arrestations et les « morts » en prison, l’accès restreint à la formation et à la santé, le déni de droits citoyens, les restrictions à la mobilité et le harcèlement sont l’expérience quotidienne de millions de personnes. Le racisme s’infiltre dans toutes les sphères de la vie des sociétés modernes.
Le racisme crée les conditions de la surexploitation d’une partie de la classe ouvrière et aide les capitalistes à diviser les travailleurs, à affaiblir notre résistance. C’est pour ces raisons que toute lutte qui vise à briser le système du capitalisme mondial doit s’attaquer au racisme sous toutes ses formes.
Le racisme moderne surgit pour la première fois avec l’expansion du capitalisme de l’Europe du Nord vers toute la planète. Les capitalistes ont réduit à l’esclavage des millions d’Africains du dix-septième au dix-neuvième siècle. Les marchands anglais et hollandais et les propriétaires américains des plantations étaient publiquement à faveur de l’égalité et des « droits de l’homme ». Il fallait donc définir les esclaves noirs africains, dont ils détruisaient les familles et qu’ils faisaient travailler jusqu’à la mort, comme moins que humains. C’était le racisme moderne sous sa forme la plus ancienne, la plus pure et la moins dissimulée.
L’esclavage a été aboli à la moitié du dix-neuvième siècle, mais le racisme a survécu. Le début de l’impérialisme au dix-neuvième siècle a provoqué une autre montée du racisme, cette fois armée d’un argumentaire pseudo-scientifique. Dans les colonies peuplées de blancs, les peuples indigènes étaient expulsés de leurs terres et exterminés. Aux Etats-Unis, la ségrégation et la perte des droits civiques ont effacé le progrès obtenu quand les esclaves ont été libérés après la Guerre de Sécession. Dans l’Europe « civilisée », l’antisémitisme a atteint un niveau de cruauté inimaginable, culminant dans l’Holocauste nazi de 1943-45 où des millions de juifs, roms et slaves ont été annihilés.
En Russie, après le triomphe du stalinisme, la bureaucratie a utilisé le chauvinisme grand-russe et l’antisémitisme pour diviser et régner. La discrimination, les insultes et la persécution touchaient non seulement les juifs mais aussi les peuples du Caucase, de l’Asie Centrale et d’autres groupes ethniques.
Après la Deuxième Guerre Mondiale, les luttes de libération coloniale en Afrique et le mouvement noir des droits civiques aux Etats-Unis ont porté des coups sérieux au racisme officiel. La chute de l’apartheid en Afrique du Sud a détruit le dernier Etat basé explicitement sur la doctrine de la suprématie blanche. Mais l’oppression du peuple noir continue partout dans le monde, l’Afrique est encore sous la botte de l’impérialisme. Aux Etats-Unis, le peuple noir reste profondément opprimé : moins de travail, des salaires inférieurs et un nombre de noirs incarcérés complètement disproportionné. En Afrique du Sud, même sous le gouvernement de l’ANC, la majorité noire se voit toujours refusée l’égalité sociale et économique.
Aujourd’hui, le racisme grandit dangereusement en Europe et en Amérique, avec une vague de lois racistes et de démagogie raciste par l’Etat. Cette politique qui fait des immigrés et des demandeurs d’asile les bouc-émissaires a notamment mené à des attaques physiques directes par les fascistes et l’extrême droite. En Europe Centrale et de l’Est, les Roms sont confrontés à la persécution de la police et des fascistes. Dans les villes de Russie et Ukraine, les Tchétchènes, les Tatars et les membres d’autres communautés originaires du Caucase, de l’Asie Centrale et de la Crimée sont harcelés par l’Etat et attaqués par les racistes et les fascistes. Quand les Roms et d’autres peuples fuient à l’Ouest, ils sont confrontés au racisme d’Etat, à la rétention, au harcèlement, à l’expulsion et à une terrible campagne de stigmatisation publique.
Le Patriot Act aux Etats-Unis et les contrôles de plus en plus strictes dans la Forteresse Europe assujettissent les immigrés et les minorités raciales à un niveau sans précédent de surveillance : restriction de la liberté de mouvement et déni des droits légaux. Les conservateurs, les libéraux et les sociaux-démocrates évoquent avec hypocrisie la menace de l’extrême droite pour justifier une répression « démocratique ». Les réfugiés qui fuient les guerres et les conflits alimentés par l’impérialisme et par la pauvreté, provoquée par le capital mondial, sont dénoncés comme « faux » demandeurs d’asile et se voient attribuer tous les maux de la société. Mais les immigrés ne sont pas la cause du nombre insuffisant d’emplois, du système de santé en déclin, des bas salaires et des logements dégradés, ils sont plutôt les premières victimes de ces maux. La classe ouvrière doit dénoncer ces mensonges racistes et défendre les victimes de l’oppression, non se ranger à côté des ses patrons.
Les multinationales veulent exporter le capital là où elles font les profits les plus importants, mais les capitalistes refusent de garantir la liberté de circulation pour les travailleurs. C’est un mensonge qu’il y ait trop peu de place et des ressources insuffisantes pour nourrir, habiller, former et donner un emploi à tous là où ils choisissent de vivre. Il y a assez de richesses, pourvu qu’elles soient allouées à satisfaire les besoins et non le profit. Nous demandons donc l’abolition de tous les contrôles d’immigration et la fermeture des camps de rétention pour les demandeurs d’asile et les réfugiés. Nous demandons l’égalité des droits de citoyenneté pour tous, sans distinction de race, nationalité ou pays d’origine.
Nous demandons l’abrogation immédiate de toutes les lois racistes et l’égalité de salaire et de conditions pour tous les travailleurs. Les Noirs et toutes les minorités raciales ont le droit à l’autodéfense contre les attaques racistes. Elles doivent recevoir le soutien le plus ferme de la part du mouvement ouvrier. Nous appelons toutes les organisations de la classe ouvrière à tisser des liens avec les mouvements des opprimés et à former des unités d’autodéfense contre les attaques racistes.
Les mouvements syndicaux officiels des pays impérialistes, dirigés par des collaborationnistes de classe, trop souvent partagent le racisme et le chauvinisme de la classe dominante. Certains suggèrent de façon scandaleuse que les opprimés doivent rester passifs, ou supporter patiemment le racisme, dans l’intérêt de « l’unité », pendant que la masse des travailleurs blancs et leurs organisations reçoivent peu à peu une formation antiraciste.
Il s’agit d’une concession impardonnable au racisme et aux privilèges des blancs. Une vraie unité de lutte ne peut être obtenue que si la classe ouvrière répond à toute tentative de persécuter et de discriminer les victimes du racisme. C’est dans l’intérêt de la classe ouvrière « locale » de briser les mouvements fascistes et de terreur raciste et de s’attaquer à toute manifestation de racisme dans l’éducation, les médias, les entreprises et les services publics.
Le racisme des travailleurs blancs est un terrible talon d’Achille. Il ne peut être surmonté qu’en gagnant ces travailleurs à l’antiracisme maintenant, non dans un futur lointain. Pour cela, ils devront écouter et suivre l’exemple des travailleurs noirs en lutte contre leur propre oppression. Personne n’est mieux armé pour rompre les chaînes du racisme que ceux qui y sont attachés.
Chaque fois qu’ils jugent que leurs intérêts sont ignorés ou sous-représentés, les minorités raciales ont le droit de s’organiser, d’identifier le racisme et la discrimination et de s’attaquer à ceux-ci, y compris par des réunions non-mixtes au sein des syndicats et des partis de la classe ouvrière. Nous devons nous donner comme priorité de promouvoir des noirs et des travailleurs opprimés à des positions de direction. Loin de diviser le mouvement, il s’agit de la condition préalable à l’unité.
Les racines du racisme se trouvent dans le capitalisme mondial. Son renversement jettera les bases d’une nouvelle société où le racisme sera finalement relégué à la poubelle de l’histoire.