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L’islamisme, une force anti-impérialiste ?

L’échec de la social-démocratie, du stalinisme et du nationalisme laïc à rompre l’étau de l’impérialisme a conduit à la montée des mouvements islamistes radicaux dans les pays arabes, dans l’Asie centrale et partout dans le monde. Au Moyen Orient et en Afrique du Nord, l’islamisme s’est développé aux dépens des forces nationalistes laïques en déroute.

L’islamisme a été pendant des décennies une force antisoviétique : dans les années 1980 il a servi d’outil aux Etats-Unis en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs. Mais la prise du pouvoir par les islamistes en Iran, l’arrivée des forces armées américaines en Arabie Saoudite, l’impact de la mondialisation et surtout de la répression des palestiniens par Israël, tous ces facteurs ont réorienté l’islamisme en une force anti-américaine, qui a adopté une rhétorique « anti-impérialiste » et qui dans certains pays a même pris la voie de la lutte contre les forces américaines et impérialistes.

Quand les mouvements islamistes comme le Hamas en Palestine passent à l’action contre les impérialistes et les forces d’occupation israéliennes, la classe ouvrière doit agir de façon coordonnée avec eux et les défendre contre la répression. A l’ouest, les organisations et communautés musulmanes y compris les islamistes ont rejoint les mouvements de masse contre la « guerre au terrorisme » menée par les Etats-Unis. Ici aussi, la classe ouvrière doit chercher une action commune avec ces mouvements contre la guerre impérialiste et le racisme, défendant les droits des musulmans de pratiquer leur religion sans harcèlement ni intimidation. En particulier, nous devons rejeter l’idéologie islamophobique « orientaliste » qui est actuellement soutenue par les ultraréactionnaires et la droite chrétienne aux Etats-Unis et ailleurs, selon laquelle l’Islam est intrinsèquement plus réactionnaire que les autres religions mondiales et qu’il faut l’expulser de la société « civilisée » par une croisade des temps modernes.

Mais chaque fois et dans tous les pays, la condition préalable pour l’action commune avec les mouvements islamistes est que les organisations de la classe ouvrière ne doivent accepter aucune limitation à leur liberté d’action, d’agitation ou de propagande, y compris propagande contre la politique réactionnaire des islamistes.

Dans sa globalité, la stratégie des islamistes est socialement réactionnaire. L’hostilité envers les droits des femmes et envers toutes les libertés démocratiques et laïques fait d’eux un ennemi de la libération du pauvre, de l’exploité et de l’opprimé, malgré leur démagogie sociale. Les tentatives d’imposer la loi de la Charia s’attaquent aux libertés du peuple, au droit de vote, de s’associer, de s’organiser et de pratiquer n’importe quelle religion … ou aucune religion. Quand les islamistes dénoncent les maux du capitalisme occidental moderne, ils ne le font pas du point de vue progressiste du développement socialiste et de la liberté humaine, mais du point de vue réactionnaire du clergé et des anciennes classes possédantes et propriétaires des terres. Leur but est une société fondée sur l’exploitation et l’oppression. Même leur soutien à des formes d’assistance pour les pauvres a un coût très élevé, le contrôle du clergé sur les rapports sociaux et la vie privée. Leur attitude vers l’organisation de la classe ouvrière, partis, syndicats, associations, est de totale opposition, et va jusqu’à l’utilisation d’escadrons de la mort contre nous. Nous soutenons l’autodéfense des travailleurs contre la réaction islamique, le renversement des régimes islamiques et leur remplacement par des gouvernements d’ouvriers et paysans.

Pour la jeunesse radicale du Moyen Orient, et en Europe pour celle d’origine africaine et asiatique, l’attrait le plus puissant de l’islamisme est sa rhétorique anti-impérialiste et sa dénonciation des forces laïques pour leur compromission avec l’impérialisme et le sionisme. Mais en dernière analyse, même cela n’est que supercherie. En s’opposant aux méthodes de lutte de la classe ouvrière, les islamistes essayent d’arrêter la seule force qui puisse rompre l’étau du capital mondialisé et de ses agents locaux. Souvent, ils ont plutôt recours à la terreur aveugle contre les populations civiles. Cela aide les impérialistes car elle leur fournit le prétexte à une répression sauvage, tout en désorganisant les masses, les poussant à faire confiance pour leur salut à des organisations élitistes de guérilla, plutôt que de faire confiance à leur propre pouvoir et à une organisation démocratique. Mais la condamnation révolutionnaire du terrorisme islamiste n’a rien en commun avec l’hypocrite « moralité civilisée » des terroristes d’Etat comme Bush, Blair et Poutine. Pour eux, « terrorisme » signifie toute force utilisée par des personnes hostiles à leurs intérêts. Si on compare avec les agissements des Etats-Unis en Irak, de la Russie en Tchétchénie ou d’Israël à Djénine, Oussama Ben Laden est un minable dilettante.

Là où les islamistes ou les intégristes sont au pouvoir (Arabie Saoudite, Iran, Pakistan) ils agissent comme agents de la classe capitaliste et du compromis avec l’impérialisme. La seule stratégie qui puisse assurer la liberté est celle fondée sur l’action indépendante de la classe ouvrière, qui promeut les droits démocratiques et l’émancipation sociale des travailleurs, des femmes, des paysans pauvres et des jeunes, et qui unit la lutte contre l’impérialisme avec la lutte pour le renversement de la classe capitaliste nationale et son régime, qu’il soit nationaliste, baasiste, militaire ou islamiste.

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